Lettre ouverte de l’ANPASE aux candidat-e-s à l’élection présidentielle 2017
L’ANPASE, Association Nationale des Professionnels œuvrant en faveur de l’Enfance et de la Famille, créée en 1962, a accompagné les changements successifs de l’ensemble des dispositifs législatifs accompagnant l’enfant et sa famille.
L’ANPASE, avec ses journées d’étude et de recherche, a été un acteur important dans cette évolution législative, tant sur le plan d’une politique de l’enfance bienveillante, que sur le plan de la lutte contre les inégalités.
Les élections présidentielles approchent à grand pas, elles sont sources d’interrogations pour le citoyen qui se questionne sur :
- sa place dans la société,
- ce qu’il va advenir de ses acquis, de ses droits,
- l’évolution de la société française, l’attention qui sera portée à chacune et à chacun dans une logique de solidarité.
Vous êtes candidat à l’élection présidentielle et nous avons lu votre programme. Nous vous adressons cette lettre ouverte afin de vous inviter à préciser vos projets et engagements d’accompagnement de l’enfant et du jeune jusque à sa vie d’adulte.
Aujourd’hui, il vous faut redonner du sens à la parole politique. La parole politique doit honorer la République, déjà fragilisée par des propos parfois insoutenables qui déprécient les Institutions, altèrent le tissu citoyen. Le Vivre Ensemble ne se décrète pas, ni par un quelconque dispositif règlementaire, ni par une vision dogmatique appuyée sur des courants de pensée en vogue…
Le premier pas que les personnes en difficulté sociale, familiale et/ou économique attendent du politique est le fait d’être considérées comme une personne.
La création du Haut Conseil de la Famille, de l’Enfance et de l’Age va dans ce sens. Rappelons que cette initiative a été soutenue par le collectif CEP-Enfance qui rassemble plus d’une centaine d’organisations de tous champs : santé, social, justice, culture, éducation, loisirs…, dont l’intérêt pour l’Enfance transcende leurs courants de pensée.
Le premier pas qu’attend l’ANPASE, association de professionnels dédiée au travail social est un engagement clair dans la mise en œuvre d’une véritable politique de la petite enfance, de l’enfance et de la jeunesse, co-construite avec l’ensemble des acteurs concernés.
Nous attendons une politique qui traduise une ambition, une certaine idée du social, qui prenne en compte l’humain au sein de sa famille et de la société, et au sein d’institutions et services qui contribuent favorablement à son développement.
Le premier pas attendu par les institutions au service des personnes est que la politique de l’Enfance ne soit pas conditionnée à des ajustements budgétaires conjoncturels qui rendent impraticables toute forme d’action à visée émancipatrice, et qui nuisent à la pérennité des dispositifs et des projets et à la sérénité des équipes et des enfants.
Une politique soutenue par des valeurs de solidarité, d’équité, de justice, de respect de l’autre, plutôt qu’engoncée dans des dynamiques financières de moindre coût. Toute institution assujettie à ses impératifs économiques devient, de façon insidieuse, maltraitante.
L’ANPASE a toujours priorisé l’humain, son unicité et authenticité. Une nouvelle fois, notre engagement associatif et militant nous amène à rappeler aux décideurs de demain de ne pas oublier celles et ceux qui sont la force de ce pays.
Nul ne tirera profit si se creuse toujours plus le fossé entre les citoyens et les acteurs politiques.
Réagir à l’évènementiel, aux situations dites « difficiles » « complexes socialement » « lourdes administrativement »… est certes nécessaire mais insuffisant. À quel moment serons‐nous en mesure de réfléchir ensemble « préventivement » ?
La présidente Natacha CHARTIER